jeudi 25 septembre 2014

Mission STS-78 / Le Patch méconnu ANSTJ (anstj)


Le Patch méconnu de la mission STS-78
Patch anstj pour Jean-Jacques Favier



Le 20 juin 1996, la navette spatiale Columbia décolle pour la mission STS-78.
À son bord se trouvent sept astronautes dont un français :

-          Tom Henricks, Commandant (4ème vol)
-          Kevin Kregel, Pilote (2ème vol)
-          Richard Linnehan, Mission Specialist (1er vol)
-          Susan Helms, Mission Specialist (3ème vol)
-          Charles Brady, Mission Specialist (1er vol)
-          Jean-Jacques Favier, Payload Specialist – France / CNES (1er vol)
-          Robert Thirsk, Payload Specialist – Canada / CSA (1er vol)

(Photo signée par le Commandant et les deux Payload Specialist de la mission)
Jean-Jacques Favier est sélectionné comme astronaute par le CNES en 1985. 


Ce vol est dédié à la ‘’Sciences de la vie et sciences physique en Microgravité’’ (Life and Microgravity Sciences = LMS) et pour ce faire, le module Spacelab est à bord de la soute de Columbia. Ce vol scientifique sera un vol de très longue durée puisque la mission va durer 16 jours et 21 heures (un des plus longs vols du programme navette).

De très nombreuses expériences seront menées lors de ce vol et ont été proposées par la NASA, l’ESA, le CNES et la CSA.


Outre ces expériences dédiées aux sciences de la vie, biologie et physique en impesanteur, le CNES avait décidé de faire voler des expériences pédagogiques à bord de Columbia et qui seraient montrées au jeune public par l’astronaute Jean-Jacques Favier.
Le CNES demande donc à l’Association Nationale Sciences Techniques Jeunesse – anstj (devenue Planète Sciences en 2002 / www.planete-sciences.org ) de l’aider à préparer une série d’expériences.
C’est la ‘’Commission Apesanteur’’ de l’anstj et ‘’service Jeunesse-Education’’ du CNES qui s’occupent de cela.

Le délai est assez court, et il faut quelque chose de léger, qui prenne peu de place, soit pratique, pour que Jean-Jacques Favier puisse, à bord de Columbia, mener des expériences simples qui mettent en évidence des notions élémentaires concernant la micropesanteur et la propulsion par réaction. Ce sera la mallette pédagogique ‘’Poids Coq’’, à l’origine développée pour la mission Aragatz de Jean-Loup Chrétien, huit ans auparavant.
On utilisera la mallette de rechange qui sera reconditionnée ; la mallette d’origine, utilisée par Chrétien, étant restée à bord de MIR.

La mallette contiendra donc 4 types d’expériences :

- Inclinaison pour montrer l’absence de verticale et de notion de plan incliné dans l’espace (une petite bille dans un tube transparent reste-t-elle immobile ?)
- Densité illustrant la différence de positionnement d’objets de densités différentes, selon qu’ils sont au repos ou en micropesanteur, agités ou soumis à une force centrifuge (Observation de billes à l’intérieur d’un pot rempli de liquide. Que se passera t-il ? )
- Réaction illustrant l’action et la réaction / propulsion par éjection d’une masse (éjection par un ressort d’une bille retenue par une ventouse accolée à un petit vaisseau = que va-t-il arriver aux petits astronautes de papier enfermés dans le cylindre)
- Ballon illustrant également l’action et la réaction / propulsion par éjection d’une masse gazeuse (expérience du ballon de baudruche)

La mallette reviendra sur Terre. Elle est exposée actuellement dans le Hall Espace du Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget.


Le CNES demande également de faire voler un objet symbolique lors de cette mission : ce sera un patch.

Quoique de plus naturel et symbolique que de faire voler un patch qui est une tradition depuis le début des vols habités. C’est là encore l’anstj qui va s’en occuper.

Pierre-François Mouriaux (webmaster du célèbre Cosmopif et président de la dynamique association Histoires d’espace – HDE / www.asso-hde.com ), responsable à l'époque du département Espace de l'anstj,  va dessiner et concevoir ce patch. Il va s’inspirer de celui de la mission STS-46.

(Logo de la mission STS-46)
C’est donc une sorte ‘’Patch Perso’’ pour Jean-Jacques Favier, même si officiellement il n’a pas été conçu pour représenter l’ensemble de sa mission à bord de Columbia, mais bien pour sa participation aux expériences pédagogiques.



250 patchs très joliment brodés, ont été fabriqués en Chine (via un équipementier de sports de l’Essonne) et vendus ou/et offerts aux membres de l’anstj. Il mesure 10 cm de diamètre.

(Extrait du 32Infos n°54 de mars 1996)
Seuls 4 de ces patchs ont volé à bord de Columbia et après leur retour, ils ont été restitués au CNES. Mais pas plus d’infos quand à leur lieu de rangement actuellement.

Très peu de ces patchs subsistent aujourd’hui.
N’étant pas un ‘’patch officiel’’, je dirais que la plupart des collectionneurs ne le connaissent pas, mais les rares qui le connaissent se l’arrache littéralement.





Patch ANSTJ volontairement tagué pour l'article

Sources / Crédits :
Stéphane Sebile / Space Quotes – Souvenirs d’espace
Pierre-François Mouriaux (avec tous mes remerciements)
CNES / 32Info / CADMOS
ANSTJ/Planète Sciences

Crédit Photos :
Collection Spacemen1969
Space Quotes – Souvenirs d’espace

jeudi 11 septembre 2014

Exposition Universelle Montréal 1967 / Expo 67


Après la Foire Internationale de New York en 1964 New York World’s Fair), voir ici :


L’Exposition Universelle de Montréal  en 1967

Pour célébrer le centenaire de la Confédération canadienne (naissance de l’état canadien), les autorités ont demandé auprès du Bureau International des Exposition d’être sélectionné pour organiser une exposition universelle internationale.
C’est fin 1962 que Montréal est sélectionnée pour être la ville-hôte de l’Exposition Universelle de 1967.

Cette exposition est un des évènements majeurs du Canada au cours du 20ème siècle.

Le thème est : ‘’Terre des Hommes’’ d’après le tire d’un des ouvrages d’Antoine de Saint-Exupéry.

Le logo d’Expo 67 est l’œuvre de l’artiste de Montréal Julien Hébert.
Il reprend un ancien pictogramme représentant l’homme.
L’union de deux de ces symboles représente l’amitié. Et la répétition en cercle symbolise l’amitié entre les peuples dans le monde.



(Carte Postale)
L’Exposition 1967 se tiendra au milieu du fleuve Saint-Laurent sur deux îles : l’ïle Sainte-Hélène dont la surface sera doublée et l’île Notre-Dame qui est créée spécialement pour l’occasion.


(Vue aérienne générale d'Expo 67 / Carte Postale)
Elle se tient du 28 avril au 29 octobre 1967 et accueille plus de 50 millions de visiteurs.
62 pays seront présents et 90 pavillons de présentés.



L’Exposition Montréal 1967 est un énorme succès populaire en partie grâce au design qui la caractérise. De très nombreuses innovations architecturales y sont présentes. Les pavillons des différents pays sont aussi responsables de ce succès.

Les pavillons et leurs styles avant-gardistes vont attirer des millions de visiteurs.
Une véritable compétition s’engage entre les différents pays afin d’avoir LE pavillon le plus beau, plus moderne, etc …
Les meilleurs architectes sont engagés.
Beaucoup de pavillons vont utiliser le concept de Space Frame qui consiste à couvrir le plus d’espace possible, à moindre coût, avec des matériaux à la fois légers et solides, et surtout permettant d’avoir une flexibilité totale de la structure, pouvant ainsi augmenter ou diminuer les volumes nécessaires.

Plusieurs pavillons thématiques sont aussi présents. Thèmes remettant l’homme dans sa réalité quotidienne, avec par exemple :

-          L’homme dans l’univers
-          L’homme dans la cité
-          L’homme et la mer
-          L’homme et l’agriculture
-          L’homme et la santé
-          Etc …

Certains pavillons ont eu des ‘’thématiques’’ différentes, comme :

- Le pavillon du Canadien National qui propose aux visiteurs une exploration de l’espace et du temps avec un film (Le Mouvement / Motion) de 70 mm, qui est un ancêtre de l’IMAX.
-  Le pavillon Kodak qui montre les dernières innovations de la célèbre société.
- Le pavillon des Compagnies de téléphone du Canada avec un écran à 360° ou des cabines téléphoniques mains libres.
-   Etc …

(Pavillon de la Grande-Bretagne / Carte Postale)
(Pavillon du Maine / Carte Postale)
(Le Gyrotron - attraction très populaire / Photo Presse UPI)
Plusieurs attractions sont très populaires comme la Cité du Havre qui se situe à l’entrée et qui comprend plusieurs pavillons thématiques ainsi que le complexe Habitat 67.

Justement, parlons un peu d’Habitat 67.
Ce complexe a été imaginé par l’architecte israélien  Moshe Safdie qui imagine un concept d’habitat en ville plus pratique et moins coûteux tout en gardant l’intimité des habitants et de leurs maisons.
Il conçoit donc une structure de 158 unités d’habitation empilées les unes sur les autres, le tout se servant du pré-moulage pour la construction (ciment, plastique, acier, etc…).
Cette structure existe encore de nos jours.


L’Expo 67 se caractérise aussi par un ‘’merchandising’’ avant l’heure sur toutes une gamme de produits, objets, gadgets, souvenirs, etc …

Un timbre sera émis lors de cette exposition.




La tenue des hôtesses aussi sera un ENORME succès auprès du public avec un uniforme spécial conçu par la très célèbre styliste d’alors Mary Quant (une des créatrices de la minijupe).

C’est lors de sa visite à l’Expo 67, le 24 juillet,  que le Général de Gaulle prononce son célèbre et polémique : ‘’Vive le Québec libre’’.

Beaucoup de pavillons continueront d’exister sur le site autour d’une exposition appelée Man and His World, et ce jusqu’en 1981.

Il y a 5 pavillons qui obtiendront un succès considérables :

1)      URSS avec 13 millions de visiteurs
2)      Canada avec 11 millions
3)      USA avec 9 millions
4)      France avec 8,5 millions
5)      Tchécoslovaquie

Parmi ces 5 pavillons, deux vont nous intéresser particulièrement car le spatial y sera représenté de manière très représentative (contexte de la guerre froide) : USA et URSS.

Pavillon des USA

Ce pavillon est certainement le plus célèbre de l’Expo 67. On le connait sous le nom de Biosphère.
Il a une forme de dôme géodésique et a été conçu par l’architecte Buckminster Fuller (Fuller Sada and Geometrics).
L’aménagement intérieur du pavillon ainsi que les expositions s’y tenant ont été dirigés par Peter Chernayeff de la société Cambridge Seven Associates.
Il était construit sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame.
A l’intérieur se trouvaient les expositions thématiques L’homme et l’univers et L’homme à l’œuvre.


(Crédit : D.R)
Le dôme mesurait environ la hauteur équivalente à 20 étages (62 mètres) pour un diamètre de 76 mètres. Le volume intérieur était de 198 243 m3.
Toute l’ossature en alvéoles était composée d’un alliage léger, et le tout recouvert d’un revêtement polymère légèrement tinté.
Aucuns des aménagements intérieurs ne touchent la structure externe.


(Série de Cartes Postales)
Des panneaux tendus en écran obscurcissaient certaines alvéoles et ils étaient contrôlés par un système, novateur à l’époque, de cellules photosensibles, qui permettaient de couvrir en totalité ou partiellement les alvéoles en fonction du soleil et de la chaleur, afin de garder une température intérieure quasi constante. Une sorte d’ancêtre de la domotique d’aujourd’hui.
De plus, les alvéoles choisies pour être recouvertes donnaient une illusion de globe terrestre.



Le pavillon des USA célébraient la grande créativité du peuple américain allant des pionniers avec exposition de souvenirs de la Conquête de l’Ouest, à Hollywood, à la peinture, photos, automobiles, etc … Mais aussi, et surtout pour ce qui nous intéresse, à la conquête de l’espace avec une grande partie consacrée à la NASA.

Un escalier mécanique de 41 mètres de long conduit les visiteurs presque au sommet du dôme où sont exposés plusieurs objets montrant la créativité de la NASA. Cette partie de l’xposition s’appelait Destination Moon. On pouvait y voir ensemble :

-  Capsule Mercury Friendship 7 de John Glenn
-  Capsule Gemini
- Capsule Apollo AS 202 ayant volé. Les traces de sont retour dans l’atmosphère ont beaucoup marqué le public (n’oublions que les drames spatiaux avec premières victimes de l’espace, Apollo 1 et Soyouz 1, venaient d’avoir lieu).
-  Un LEM
- Des satellites et sondes (Ranger, Pioneer, etc ..



(Sources : Collection particulière et D.R)
(Thomas Stafford et la capsule Apollo AS-202 / Photo presse UPI)

Un minirail traversait intégralement le pavillon.



Le pavillon est officiellement offert à la ville de Montréal le 20 juillet 1967 (mais sans ce qu’il y a dedans) qui en prendra possession le 31 janvier 1968.

Dans les années qui suivent, cette Biosphère est utilisée pour des évènements populaires. Puis elle finira par servir de vivarium géant abritant également une véritable richesse florale et ornithologique.

Le 20 mai 1976, alors que le dôme est en plein travaux de réfection de sa structure, un incendie accidentel détruit totalement et complètement le revêtement externe en polymère. Il ne restera plus que le squelette de l’ossature.
Malgré plusieurs demandes et suggestions pour remplacer le revêtement (notamment de Fuller), la ville de Montréal ne fera pas de réhabilitation du pavillon et fermera l’accès du pavillon.



En 1990, il est racheté par Environment Canada qui le transforme en musée consacré à l’eau et à l’environnement (ouvert depuis 1995) avec la construction de plusieurs bâtiments à l’intérieur de la structure. Biosphere change de nom en 2007 pour Musée de l’environnement.


Le Pavillon de l’URSS

Ce pavillon, typique par son architecture des réalisations soviétiques d’alors, abritaient une très intéressante exposition de souvenirs de l’espace avec un espace spécial appelé Cosmos Hall et la Space Gallery.
On pouvait y voir notamment une capsule Vostok (de deux types) et plusieurs satellites et réalisations spatiales russes de l’époque.
Il y avait également une salle de projection avec écran sphérique pour envoyer le spectateur vers un voyage vers Mars.

Le thème principal de l'exposition était à la gloire de 50 ans de réalisations des peuples de l'URSS :
Tout au nom et au profit de l'Homme.

Après l’exposition, le pavillon a été entièrement démonté et reconstruit à Moscou où il se trouve encore aujourd’hui au centre d’exposition de Moscou (VDNKh) sous le nom de Pavillon de Moscou.



(Affiche publicitaire avec beaucoup d'humour)
(Brochure du Pavillon de l'URSS)
(Crédits : Collection particulière et D.R)






Sources et Crédits : Space Quotes - Souvenirs d'espace
                                Stéphane Sebile / Spacemen1969
                                D.R
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